Nous avons évoqué ici, à plusieurs reprises, la fragilité de la forêt domaniale de Montmorency – ce poumon vert d’Ile-de-France – face à la maladie de certaines essences (“La forêt de Montmorency bientôt décimée ?” article du 5 février 2020) et son rôle irremplaçable opposable à la pression d’investisseurs avides (“Forêt de Montmorency : Forêt de Protection ?” article du 6 juillet 2020).

Des élus lancent un appel pour protéger la forêt de Montmorency

Nombre d’élus et d’associations du Val-d’Oise, demandent un moratoire sur les coupes massives opérées en forêt de Montmorency.

Lancement d’une pétition

Ensemble, ils ont lancé une pétition, déjà signées par la présidente de région, la présidente du département, trois sénateurs du Val-d’Oise ainsi que par de nombreux maires.

Forêt - Maladies des arbres

Châtaignier décimés par la maladie de l’encre en Ardèche.

“L’objectif est d’obtenir des réponses concernant les coupes dans la forêt de Montmorency. Nous demandons par cette pétition un moratoire sur la gestion de ces coupes. Attachés à ce patrimoine naturel si important, il nous a semblé important de lancer cette mobilisation et invitons tout le monde à rejoindre notre action.”

Selon les signataires de la pétition, de plus en plus de grands espaces dans la forêt domaniale de Montmorency sont entièrement déboisés, les coupes ne semblent pas sélectives, les sols sont endommagés par les engins, les paysages transformés ou détruits.

« Nous nous interrogeons autant sur l’ampleur des coupes que sur les modalités de celles-ci.
Nous savons qu’une forêt s’entretient, que la maladie de l’encre entraine une gestion particulière. »

“Nous connaissons aussi les inquiétudes des agents de l’ONF face aux difficultés financières de leur office et l’injonction de « rentabiliser » la forêt.”

“Les coupes rases pratiquées dans la forêt ont bien des inconvénients sur le paysage (parcelle vide de bois après la coupe définitive) et sur la biodiversité : les espèces d’oiseaux associées aux gros bois perdent leurs habitats, par exemple les pics, les sittelles, de même que les insectes xylophages ou encore les chiroptères.

Les élus souhaitent aussi  mobiliser pour sauver ce patrimoine naturel exceptionnel.

Forêt - Maladie de l'encre.

Évolution de la maladie de l’encre du châtaignier en France.

« Les élus sont attachés à la forêt de Montmorency et ont ainsi obtenu le classement du massif forestier en forêt de protection. Notre forêt est notre patrimoine commun, il contribue à l’identité et à l’histoire de notre territoire et nous en sommes fiers. »

“Ce type de coupe avec de gros engins de chantier, peut contribuer à étendre les maladies plutôt que les contenir par des coupes raisonnées.

Les coupes rases sont pratiquées aussi bien dans les forêts publiques (gérées par l’ONF) que dans les forêts privées.”

Par cet appel, les signataires de la pétition souhaitent interpeller le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, Julien Denormandie et la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili.

Les conseils municipaux sont appelés à appuyer cet appel par un vote en séance publique.

Lancée samedi 27 février 2021 sur change.org, la pétition avait déjà rassemblé à ce jour près de 7 600 signatures.

Une forêt touchée par la maladie de l’encre

La forêt de Montmorency dans le Val-d’Oise qui couvre une superficie d’environ 2000 hectares est désormais en souffrance, mais elle n’est pas la seule.

Selon l’Office national des forêts, sur les 4 millions d’hectares de forêts publiques en France, 220 000 hectares (soit dix fois la superficie de Paris) subissent un taux de mortalité inédit, à cause de l’accélération du changement climatique et des crises sanitaires.

Scolytes, chenilles processionnaires, maladie de l’encre : de nombreuses épidémies menacent les essences comme les épicéas, les sapins pectinés, les hêtres, les châtaigniers…

La forêt domaniale de Montmorency (propriété de l’État donc) avec ses 2 000 hectares dont les châtaigniers composent les trois-quarts, n’échappe pas à ce phénomène.

L’ONF, après étude des lieux (avec un système satellitaire) est arrivé à la conclusion que 500 hectares d’arbres, de châtaigniers, étaient condamnés.

Aucune solution n’existe à ce jour contre la maladie de l’encre à part couper l’arbre.

Forêt - Plantation

Plantation de nouveaux arbres après arrachage des arbres morts à proximité de Piscop

Éradiquer la maladie par l’abattage des arbres est la solution extrême et les élus et associations pétitionnaires souhaitent s’assurer que le prétexte de cette maladie n’est pas l’occasion pour l’État d’éviter des dépenses d’entretien qui devenaient de plus en plus urgent pour la forêt de Montmorency …

Nous pouvons aussi légitimement nous demander si l’État n’a pas d’autres idées en tête quand on sait les pressions foncières (évoquées dans notre article du mois de juillet dernier) auxquelles il est soumis et l’appétit insatiable des investisseurs pour cet immense espace vert aux portes de Paris.

Cependant, force est de constater, à l’instar de ce qu’il s’est passé à proximité de Piscop, que l’ONF a aussi procédé à de nouvelles plantations … Il convient donc d’être vigilent et d’éviter toute manipulation, d’où qu’elle vienne ! Partout, il faudra s’assurer que de nouveaux arbres sont bien planter en lieu et place de ceux arrachés.

Affaire à suivre !

Article publié le 12 Mars 2021 17:00