Sous le titre “Dis-moi où tu broutes“, le Canard Enchaîné de ce mercredi 24 Mars se fait lui aussi l’écho de la décision du Conseil d’État que nous évoquions dans l’article “Que vaut la santé des consommateurs … face à LACTALIS ?” du 26 courant.
Le Canard Enchaîné révèle notamment que loin d’être anodine, cette décision va permettre aux industriels du lait d’utiliser, en toute opacité des laits moins riches car il existe bien des liens étroits – maintes fois démontrés – entre les lieux de pâturage des animaux et la qualité des laits produits contrairement à ce que pourrait laisser croire la décision du Conseil d’État.
De là à penser que Lactalis “and Co” préfèreront acheter le lait moins cher de vaches qui “ne mettent jamais un sabot dans le pré” …

Dis-moi ou tu broutes

“L’INDUSTRIE agroalimentaire n’est désormais plus obligée d’indiquer sur l’étiquette l’origine du lait qu’elle touille dans ses produits. Saisi par

Consommation

Qui a intérêt à cacher l’origine d’un produit ?… Certainement pas le consommateur !

le géant laitier Lactalis, le Conseil d’État vient en effet d’annuler un décret qui imposait depuis quatre ans d’informer les consommateurs du lieu de collecte. Bien pratique, quand on fabrique ses yaourts avec de la poudre de lait achetée dans toute l’Europe.

Le plus dur à avaler pour les producteurs de lait attachés au terroir, c’est que la plus haute juridiction administrative affirme qu’ “il n’y a pas de lien avéré” entre l’origine du lait et ses propriétés. Voilà l’occasion de rap­peler qu’une palanquée d’études menées par l’institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (lNRAE) démontrent le contraire.

Prenez le lait de montagne, qui représente 16 % de la production laitière française : un labo de l’lNRAE de Clermont-Ferrand spécialiste des herbivores a montré que le lait produit en altitude affichait un bien meilleur profil nutritionnel que celui des vaches qui ruminent en plaine. Il contient plus de vitamines A, E B2 et B9. Surtout, il est plus riche en oméga-3 et en acide ruménique, qui ont un effet anti-inflammatoire, et fait moins le plein d’oméga-6, dont l’excès provoque la réaction inverse.

Consommation

“Les vaches de montagne mangent beaucoup plus d’herbe …” (Le Canard Enchaîné du 24 mars)

Explication : les vaches montagnardes mangent beaucoup plus d’herbe, laquelle est farcie d’oméga-3. Leurs cousines des plaines, elles, surtout dans le Grand Ouest, carburent au maïs bourré d’oméga-6. Pour qu’elles produisent leurs 8 000 litres de lait par an – 3 000 de plus que leurs congénères de la montagne -, le menu à l’herbe ne suffit pas, il leur faut une ration super énergétique contenant 25 % de maïs. Au final, la quantité d’oméga-3 dans le lait d’une Holstein des plaines, qui a dans sa mangeoire un quart de maïs, et dans celui d’une vache des alpages, qui se nourrit jusqu’à 70 % d’herbe, varie du simple au triple !

Si les vaches françaises broutent plutôt plus que leurs voisines européennes, notamment allemandes – comptez en moyenne 170 jours par an au champ pour 87 % d’entre elles -, la tendance est toutefois à la baisse, de l’aveu même du Centre national interprofessionnel de l’économie laitière. Et puis, il y a, dans 7 % des fermes, ces bêtes qui ne mettent jamais un sabot dans le pré. Ça, c’est très vache !” —- Le Canard Enchaîné du 24 mars 2021

Mis en ligne le 27 Mars 2021 17:00