Dans leur édition du 18 novembre dernier, “L’Echo Régional” N° 3742 et “La Gazette” N° 2332 publient une étude fouillée du département du Val d’Oise.
La crise sanitaire et le confinement aggravent la situation des familles qui sont de plus en plus nombreuses à devoir se tourner vers les associations d’aide alimentaire.
Crise : Un habitant sur six vit sous le seuil de pauvreté
Le constat était déjà préoccupant, il pourrait devenir alarmant. Si la pandémie de Covid-19 a précipité le monde dans une crise sanitaire terrible, elle s’assortit d’une crise économique aux conséquences déjà dramatiques pour les plus précaires. Alors que selon Véronique Fayet, la présidente du Secours catholique, « la France franchira la barre des dix millions de pauvres-en 2020 », comme elle l’a confié dans les colonnes du Parisien, le Val-d’Oise n’échappe pas à cette crise humaine avec des répercussions économiques et sociales inquiétantes.
Depuis plusieurs mois, les banques alimentaires notent une demande de plus en plus importante de la population. Au Maillon, l’épicerie sociale de Cergy, le nombre de familles bénéficiaires ne cesse de grimper depuis le premier confinement. De son côté, le secrétaire général du Secours populaire français du Val-d’Oise, Patrick Paszkiewiez, explique n’avoir jamais connu pareille situation. Le nombre de colis alimentaires a augmenté de40 %. Les demandes de Rsa et de logements sociaux grimpent également de manière inquiétante.
Il faut dire que la situation dans le département était déjà critique avant la crise. Fin 2019, le préfet du Val-d’Oise, Amaury de Saint-Quentin, indiquait ainsi qu’ « un habitant sur six vit sous le seuil de pauvreté dans le département. » Avec un taux de pauvreté de 17 %, le Val-d’Oise se situait alors sensiblement au-dessus des moyennes nationale et régionale.
Un Plan pauvreté de 1,7 million d’euros
Un Plan pauvreté de 1,7 million d’euros avait ainsi été déployé à l’été 2019 dans le département afin, principalement, de permettre de renforcer l’accompagnement à l’obtention du Rsa.
Au 31 décembre 2018, 33 560 Val-d’oisiens étaient allocataires du Revenu de solidarité active (Rsa).
« La grande précarité conduit bien souvent à des situations insupportables de surendettement et, là encore, le Val- d’Oise présente le deuxième taux francilien en termes de personnes surendettées, derrère la Seine-Saint-Denis », estimait Amaury de Saint-Quentin, faisant allusion aux 3 271 personnes en situation du surendettement dans le département.
Conséquence directe, le nombre de demandes de logements sociaux est en forte hausse. Fin 2019, 61 000 ménages se trouvaient en attente. « Notre département souffre d’une précarité préoccupante, particulièrement à l’est dans les territoires dits de la politique de la ville », soulignait le préfet du Val-d’Oise. Un an plus tard, le nombre de « primo appelants » pour des demandes d’hébergement auprès du 115 du Val-d’Oise a doublé par rapport aux années précédentes. Par ailleurs, en rai- son de la pandémie, le dispositif de prise en charge des centres d’hébergement d’urgence a été maintenu sans discontinuer depuis novembre 2019.
Ainsi, si sur le plan sanitaire, la crise pourrait encore perdurer de longs mois, les conséquences économiques devraient provoquer une nouvelle vague de pau- vreté. Avec l’arrivée de profils nouveaux comme des étudiants, des commerçants ou encore des auto-entrepreneurs tombés précipitamment dans la précarité.
Article de Thomas HOFFMANN (La Gazette – L’Échos du Val d’Oise)
Mis en ligne le 03 Déc. 2020 22:45