Dans le « grand débat » sur les retraites et l’équilibrage de leur financement, Audrey DUFOUR dans le journal du net de LA CROIX du 25 oct. met en exergue un document de travail du Conseil d’orientation des retraites.

Faut-il taxer les robots pour sauver nos retraites ?

« Si les robots prennent notre travail, les cotisations prélevées sur les salaires devraient-elles être prélevées sur les machines ? » Comme le rappelle fort justement l’auteur de cet article, cette idée notamment défendue par le candidat du parti socialiste Benoît Hamon, avait animé la campagne de 2017 … et avait très vite été enterrée tant par les tenants d’un capitalisme pur et dur qui avaient caricaturé et dénaturé la proposition, que part, et c’est un peu plus surprenant, certains « caciques » du Parti socialiste lui-même.

A priori, pour équilibrer un système de retraites, il n’y a, de manière simpliste, que quatre solutions :

  • baisser les pensions,
  • augmenter les cotisations,
  • reculer l’âge de départ en retraite
  • ou un mixte des trois.

Parier sur une politique nataliste forte, sans compter le fait que les effets ne se feront sentir que sur le long terme, ne fait que reporter le problème sur les générations futures.

Le COR s’interroge sur une autre piste : « si les robots deviennent substituables aux humains [dans le cadre du travail], certains redoutent la raréfaction des prélèvements sociaux assis sur le travail. D’où l’idée avancée d’une “taxation” des robots. » Et Audrey DUFOUR d’ajouter « L’idée peut paraître loufoque, mais après tout, si les robots prennent nos emplois, pourquoi ne payeraient-ils pas pour nos retraites ? »

S’en suit un raisonnement par l’absurde pour enterrer ladite piste : « … pour que les robots cotisent pour nos retraites, il faudrait leur prélever des cotisations sociales. Il faudrait donc d’abord leur verser un salaire sur lequel s’appliqueraient ces cotisations. » CQFD !!!

Essayons d’aborder le problème sous un autre angle et sans tabou !

Le problème qui conduit à nous égarer sur des voies sans issues repose non pas sur le montant des cotisations ou sur l’âge de départ en retraite mais sur l’assiette des cotisations sociales … de toutes les cotisations sociales : le travail !

Aujourd’hui, plus on emploi de salariés et plus l’entreprise est « pénalisée » d’où la course à la suppression de postes et l’explosion du chômage … qui de plus présente l’avantage d’accroitre des profits.

La robotisation, outre le fait que les machine ne se mettent pas en grève et ne revendiquent ni conditions de travail ni salaires est une manière de contourner ce problème. C’est le jackpot !

Ainsi, le concours de machines de plus en plus sophistiquées, le recours de plus en plus fréquents à la robotique et ne l’oublions pas les cadences infernales imposées aux salariés accroissent-ils la capacité de production de chaque salarié … en même temps qu’ils remettent en cause la qualité au travail – et de vie – de chacun.

L’avenir n’est donc ni dans un allongement du temps de travail – qui montrera bien vite ses limites – ni dans une augmentation des cotisations sociales – qui ne fera qu’accroître les difficultés à l’embauche – encore moins dans une politique nataliste qui nous conduirait à des catastrophes écologiques dont nous commençons à ressentir les premiers effets… “Mais on regarde ailleurs !

Des solutions alternatives existent. Encore faut-il accepter de cesser tout dogmatisme en la matière, de cesser de s’arc-bouter à des règles, des principes à bout de souffle.

Le Président de la République à souvent tendance à stigmatiser « l’ancien monde ». Il est surprenant, voire attristant qu’il n’est pas une vision plus novatrice concernant les retraites. Qu’il s’en tienne à de vieux schémas qui à la fois ont fait la preuve de leur efficacité durant la deuxième moitié du XXème siècle mais qui ne sont plus en adéquation avec les contraintes du XXIème siècle.

Certes, il n’est pas certain que la perspective de cotisations, sociales prélevées par exemple sur la base du chiffre d’affaire de l’entreprise trouve d’emblée un écho favorable auprès des employeurs. Mais à y regarder de plus près des cotisations dont le calcul ne se ferait plus sur la base de l’assiette actuelle (la masse salariale), outre le financement des retraites, de la sécurité sociale, … ne permettraient-elles pas pour les entreprises une plus grande flexibilité des embauches ? Voire un meilleur partage du travail ?

Dans ce gouvernement – et avec ce Président – tous les salariés doivent subir le même sort ! Et pourquoi donc ?

Resterait donc dans ce système à assurer les cotisations des fonctionnaires et des particuliers employeurs qui ne peuvent exciper un chiffre d’affaire …

L’Etat, les Collectivités territoriales, les Établissements publics de santé ne sont pas (ou ne devraient pas être) soumis aux lois de la production de biens : faute de mieux, pour l’instant, ne pourrait-on leur conserver le système actuel ?

Pour les particuliers employeurs il pourrait être fait appel à une évaluation par exemple comme cela se fait en Suisse pour les propriétaires de logements non habités.

Bref, si l’on veut vraiment s’en donner la peine il est possible de trouver des solutions à tous les cas particuliers.

CDAFAL 95
Mis en ligne le 25 oct. 2019
Mise à jour le 26 oct. 2019 à 10h00