Selon le SE-UNSA (Syndicat des Enseignants de l’UNSA), l’avis du Conseil scientifique daté du 20 avril s’oppose sur le fond, à la décision du gouvernement de reprise des cours le 11 mai. Après  l’adresse des DDEN (Délégués départementaux de l’Éducation Nationale) à Michel BLANQUER, cette prise de position du Syndicat des Enseignants met une nouvelle fois en exergue les difficultés rencontrées sur le terrain.
Tant que le Premier Ministre et le Ministre de l’Éducation nationale n’auront pas apporté une réponse claire à chaque situation au lieu de “renvoyer la balle” qui sur les enseignants, qui sur les responsables d’établissements, qui sur les collectivités territoriales tout porte à croire qu’il agit dans l’impréparation et la méconnaissance du terrain.
L’École n’est pas une entreprise ! S’y côtoient des élèves – petits ou grands – des parents et/ou des adultes appartenant à plusieurs administrations ou au privé, soumis à des contraintes différentes.
Comme le relevaient déjà les DDEN accueillir les enfants à l’école c’est aussi se préoccuper des transports scolaires (sociétés privées), de la restauration scolaire (collectivités territoriales et/ou sociétés privées), des garderies et lieux d’accueil en périscolaire ou parascolaire (collectivités territoriales ou associations de droit privé) …
L’École n’est pas la variable d’ajustement de l’économie. Pas encore !
Même si tout le monde entend bien que l’économie ne peut rester éternellement en sommeil, le Premier Ministre ne peut, dans le domaine scolaire, décider seul … au nom d’intérêts étrangers à l’école et aux enfants qui y sont accueillis alors même que les scientifiques, jusque là forts dociles, viennent de dire toutes leurs craintes et de fixer les conditions sanitaires qu’il convient de remplir pour effectuer un retour à l’école en toute sécurité.

Communiqué :

Après l’avis du conseil scientifique, le SE-Unsa refuse une reprise précipitée

Après un premier avis daté du 20 avril où il déconseillait une reprise avant la rentrée de septembre, le conseil scientifique liste dans un second avis du 25 avril les conditions de mise en œuvre de la décision du gouvernement de rouvrir les écoles, collèges et lycées à partir du 11 mai.
Une reprise ne peut se faire qu’avec une organisation stricte et très complexe
Cet avis vise à éviter la propagation du virus à la faveur de la reprise des cours et à la maîtriser en cas de suspicion ou de découverte de nouveaux cas. Gestes barrières, désinfection très régulière, distanciation entre les élèves, cloisonnement des déplacements des groupes d’élèves, entrées et sorties quotidiennes normées et échelonnées, protocole en cas de symptômes… les préconisations sont nombreuses. Elles montrent qu’une reprise ne peut se faire qu’avec une organisation stricte, très complexe à construire puis à faire vivre à l’école, au collège ou au lycée et peut être très vite remise en cause dès qu’un cas apparaîtra dans les groupes d’élèves accueillis, dans leurs familles ou chez les personnels.
Quand on conjugue toutes ces conditions sanitaires aux contraintes de santé ou d’organisation familiale des personnels eux-mêmes, cette reprise apparaît impossible à mettre en œuvre pour le 11 mai et, repoussée au-delà, elle ne peut être que très partielle et restera très fragile.
Une reprise large ne pourra avoir lieu avant septembre.
Une reprise large et rapide, dans ces conditions sanitaires désormais fixées risque surtout de se heurter à de nombreuses impossibilités et dégrader la « continuité pédagogique » mise en œuvre depuis le mois de mars. Pour le SE-Unsa, à la lumière de cet avis du conseil scientifique, il faut que l’exécutif sache dire qu’une reprise large ne pourra pas avoir lieu avant septembre et ceci, en la préparant dès maintenant avec tous les acteurs de l’École.
Pour la fin de l’année scolaire, la priorité doit être de poursuivre et soutenir la continuité pédagogique et travailler avec les collectivités à élargir, sous réserve des avis sanitaires, l’accueil qui s’est mis en place depuis le mois de mars. L’appropriation des contraintes sanitaires et le temps donné aux équipes pourraient leur permettre d’envisager comment retrouver de façon échelonnée leurs élèves afin de voir avec eux comment ils vont scolairement mais aussi psychologiquement, socialement et du point de vue de leur santé.
Un niveau d’inquiétude et de tension extrêmement fort.
Avec sa fédération l’Unsa-Éducation, le SE-Unsa a fait connaître ses réactions à l’exécutif. Le Premier ministre présentera son plan global de déconfinement mardi 28 avril puis le ministre devrait rencontrer les organisations syndicales. Le SE-Unsa alerte sur le niveau d’inquiétude et de tension extrêmement fort dans une profession qui subit et s’adapte dans l’urgence depuis début mars, sous le coup d’annonces diverses, variées et parfois contradictoires.
Le SE-Unsa s’oppose à un retour précipité des élèves en classe selon des modalités impraticables et imposées aux personnels qui ont des craintes légitimes pour leur propre santé et celle de leurs élèves.
Le 26 avril 2020
Mis en ligne le 27 Avril 2020
Mise à jour le 04 Mai 2020 21:35