Le Covid-19 serait-il l’occasion de remettre en cause l’École Publique, l’École de la République ?
C’est, au vu de la situation née des 3 à 4 mois de confinement qu’Eddy KHALDI, Président des DDEN (Délégués Départementaux de l’Éducation Nationale) rappelle au travers d’une analyse fouillée, que certains n’hésitent pas à entamer une croisade contre l’École Publique parce que … l’École Publique est le lieu où se forge l’avenir de la nation ! Tout porte à croire qu’il faut non seulement être vigilent mais offensif !
L’école n’est pas, exclusivement, le lieu de transmission du savoir, c’est aussi un lieu de vie.
L’histoire récente montre que cette crise sanitaire peut donner de mauvais arguments à ceux qui, depuis toujours, cherchent à remettre en cause les fondamentaux des bâtisseurs du service public d’éducation et l’égalité en éducation. Cette année, la mise en place forcée de la continuité éducative à la maison durant trois mois de confinement, et celle du déconfinement échelonné, jusqu’aux mesures mises en place dans les écoles pour garantir la distanciation sociale, ont fortement impacté le fonctionnement de l’Éducation nationale. Rien ne pourra remplacer la relation directe avec la classe. L’école n’est pas, exclusivement, le lieu de transmission du savoir, c’est aussi un lieu de vie.
Des marchands opportunistes voient la crise sanitaire comme une opportunité pour développer une nouvelle offensive libérale pour miner l’Éducation nationale.
Des fondations privées se créent, se transforment ou se réactivent, des projets d’écoles ou de lycées privés, des « centres d’études » autour d’entreprises publiques et de mouvements confessionnels, avec des soutiens remarqués, fleurissent pour dénigrer et concurrencer le service public d’éducation afin de capter des fonds publics par défiscalisation et individualiser le rapport à l’école au nom de leur liberté.
D’autres rêvent au projet ultralibéral des années 1970 du prêtre catholique Ivan Illich : « Une société sans école » pour remettre en cause un gaspillage de temps et d’argent : la dépense publique d’éducation. Ils contestent que « l’école enseigne le besoin d’être enseigné ». S’opposent alors la fonction exclusivement économique, individualiste, et, en particulier, le rôle social et institutionnel de l’école. Former pour des besoins utilitaristes de l’individu et de la production économique ou aider le citoyen en devenir à s’émanciper et à s’insérer dans la société et la République ?
L’école premier lieu de sa vie sociale
L’École publique laïque est une microsociété, ouverte à toutes et tous et dont les règles sont clairement définies mais c’est aussi un lieu de vie et faire vivre ensemble des citoyens de demain. Certains élèves y passent chaque jour plus de huit heures, s’ils participent à la garderie du matin, à celle du soir et au repas de midi. Dans la vie d’un enfant ou d’un adolescent, l’école occupe une grande place et c’est le premier lieu de sa vie sociale.
La fonction de DDEN indispensable à l’école, n’aurait plus lieu d’être sans elle. S’il fallait trouver des avocats pour défendre notre cause, les sénateurs, acteurs locaux, s’il en est, nous ont accordé, à l’unanimité, leur confiance lors du vote de la loi éponyme, au Sénat en mai 2019. Ce vote historique, bien que non intégré dans cette « loi sur l’école de la confiance » du 28 juillet 2019, apporte la preuve irréfutable de notre reconnaissance institutionnelle et de l’utilité de notre fonction officielle dans le système éducatif français qui a, concrètement et définitivement, acté notre mission depuis, au moins, la loi dite Goblet du 30 octobre 1886. Aujourd’hui, nous revendiquons notre place de référent dans les « Cités éducatives ».
Les jeunes sont acteurs de leur développement dont l’École publique, laïque a la précieuse mission, fondamentale et fondatrice, d’instruire et d’éduquer des citoyens, maîtres de leur destin et capables d’autonomie de jugement pour leur émancipation.
Cette école a aussi la mission d’élaborer la conscience d’une identité nationale, associée à la République et aux principes d’égalité, de liberté, de fraternité et de laïcité qui la fondent.
Elle est en ce sens génératrice du vivre ensemble de manière harmonieuse pour montrer que la diversité est une réelle richesse pour notre société. Pour nous DDEN, « l’école est notre priorité car elle est le lieu où se forge l’avenir de la nation » et celui où l’on peut « se construire citoyen ».
Eddy Khaldi
Mis en ligne le 08 Sept 2020 16:00