La laïcité – ou du moins ses différentes interprétations – mène à tout ! … Et Jean Cornec – président de la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE) de 1956 à 1980, alors considérée comme étant la Fédération Cornec – doit se retourner dans sa tombe !
Sous la pression d’un islamisme que l’on ne peut même pas qualifié de fondamentaliste tellement il s’éloigne des préceptes même qui sont censés avoir fondé l’islam, différentes organisations jusque là opposées à tout endoctrinement religieux ou philosophique, implosent reniant jusqu’au concept même de laïcité malgré les nombreux appels aux fondamentaux nés de la Commune et entérinés par la loi de 1905.
Le groupe du 2 avril est un regroupement de parents, adhérents ou anciens adhérents, à la FCPE en faveur d’une réorientation laïque et sociale de la Fédération des Conseils de Parents d’Élèves.

Refusant le virage identitaire pris par la direction actuelle de la principale fédération de parents d’élèves, les signataires de l’“appel du 2 avril” invitent les défenseurs de l’école publique à les rejoindre.

Nous, adhérents et sympathisants de la FCPE, citoyens attachés à l’enseignement public, lançons un appel pour que la Fédération des conseils de parents d’élèves retrouve son rôle de soutien de l’école publique et de ses enseignants à l’heure où ils sont confrontés à de graves menaces.

De l’affaire Mila à l’assassinat de Samuel Paty, l’offensive de l’islam politique et les remises en cause de la laïcité par les intégrismes religieux conduisent chaque jour les enseignants à perdre du terrain, dans une institution déjà affaiblie par la montée du consumérisme parental. Ainsi, selon une étude de la Fondation Jean-Jaurès, la moitié des enseignants affirment avoir été confrontés à une « forme de contestation au nom de la religion dans leur classe » et « s’être déjà autocensurés dans leur enseignement ». 

À Lyon ou à Trappes, quelle tristesse de voir des enseignants abandonner leur métier parce qu’ils ne peuvent plus l’exercer sereinement et des élèves déscolarisés pour avoir exprimé une opinion contraire aux dogmes religieux !

“Mises en demeure judiciaires, suspensions des mandats : nous faisons face à ce qu’il faut bien appeler une tentative d’étouffement de la démocratie interne.”

Nous aurions aimé entendre la FCPE manifester sa solidarité à l’égard de Mila, de Didier Lemaire ou de Fatiha Agag-Boudjahlat, et de toutes ces premières lignes de la République.

Laïcité

Mais où va la FCPE ?

Il n’en a rien été, à croire qu’elle ignore ses propres statuts, par lesquels elle s’engage, dès 1947, à « propager l’idéal laïque » et à « resserrer les liens indispensables entre les parents et les enseignants ». Ces principes s’enracinent pourtant dans l’histoire de la gauche et de la République, dont une étape essentielle fut, il y a cent cinquante ans, le 2 avril 1871, le décret de la Commune proclamant la séparation de l’Église et de l’État, et l’enseignement gratuit et obligatoire pour les filles et les garçons.

Tournant le dos à cette histoire, la direction de la FCPE n’hésite pas à poursuivre en justice les plus ardents défenseurs de l’école publique et de la laïcité, comme en témoigne le procès intenté – et perdu – à l’ancien inspecteur général de l’Éducation nationale Jean-Pierre Obin. Cette offensive judiciaire vise également les élus FCPE qui, en son sein, osent interroger cette dérive. Mises en demeure judiciaires, suspensions des mandats : nous faisons face à ce qu’il faut bien appeler une tentative d’étouffement de la démocratie interne.

Depuis deux ans, et particulièrement depuis la campagne clivante sur les accompagnatrices voilées des sorties scolaires, cette focalisation sur les questions identitaires, au détriment d’enjeux fédérateurs, comme la qualité de l’enseignement ou la mixité scolaire et sociale, nous éloigne du mouvement de masse ouvert sur la société qu’a été et que devrait être la principale fédération de parents d’élèves.

“Nous aurions aimé entendre la FCPE manifester sa solidarité à l’égard de Mila, de Didier Lemaire ou de Fatiha Agag-Boudjahlat, et de toutes ces premières lignes de la République.”

Devant le risque d’une hémorragie des adhérents, nous ne nous résignons pas à ce que la FCPE devienne, à l’image d’autres organisations progressistes, un groupuscule s’épuisant dans d’inutiles querelles politiciennes et d’absurdes procédures judiciaires. Au risque de sacrifier ce qui devrait être sa mission première : favoriser l’émancipation de chaque élève, qu’il ait grandi dans une famille croyante ou athée, de gauche ou de droite, riche ou modeste.

Seule l’école publique et laïque permet cette émancipation.

C’est pour cela que nous la chérissons, que nous y avons inscrit nos enfants, c’est pour cela que certains d’entre nous ont choisi d’adhérer à la FCPE.

Et c’est pour cela que nous invitons tous les défenseurs de l’école publique à signer cet appel sur le site www.appeldu2avril.fr, et les adhérents de la FCPE à nous rejoindre pour participer à cette refondation interne dans la perspective du prochain congrès.

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Premiers signataires : Les adhérents FCPE membres du “Collectif du 2 avril” et Gilbert Abergel, président du Comité laïcité République ; Fatiha Agag-Boudjahlat, enseignante ; Jean-Louis Auduc, ancien directeur des études de l’IUFM de Créteil, ex-secrétaire général adjoint du Snes ; Sandrine Bernard, présidente du Conseil local (CL) FCPE Rosa Parks à Ivry ; Aurélia Bloch, journaliste et auteure-réalisatrice ; Laure Caille, présidente de Libres MarianneS, ancienne responsable SNES-FSU ; Jean-Christophe Cambadélis, ancien premier secrétaire du Parti socialiste ; Martine Cerf, présidente d’Egale ; Gilles Clavreul, délégué général de l’Aurore, cofondateur du Printemps républicain ; Jacqueline Costa-Lascoux, ancienne présidente de la Ligue de l’enseignement ; Didier Daeninckx, écrivain ; Aurélien Demangeat, ex-président du Conseil départemental des parents d’élèves (CDPE) du Puy-de-Dôme ; Raphaël Enthoven, essayiste ; Michel Fouillet, haut fonctionnaire, administrateur d’Egale ; Philippe Foussier, journaliste ; Caroline Fourest, essayiste ; Christian Gaudray, militant laïque ; Sarah Gheeraert, ex-présidente du CDPE du Puy-de-Dôme ; Danièle Guillot, ancienne adhérente FCPE et psychologue ; Jean Glavany, ancien ministre ; Françoise Kayser, ancienne adhérente FCPE, fondatrice de Femmes contre les intégrismes ; Catherine Kintzler, philosophe ; Françoise Laborde, ancienne sénatrice, présidente d’Egale ; Didier Lemaire, enseignant ; Guy Lengagne, ancien ministre ; Samuel Mayol, maître de conférences ; Anne Mayol, formatrice en CFA ; Philippe Noury, élu FCPE à Paris ; Henri Pena-Ruiz, philosophe ; Joël Potier, ex-président FCPE de l’EREA de Berck, Délégué départemental de l’Education nationale ; Nicole Raffin, ex-directrice d’école et adhérente FCPE Paris ; Bernard Ravet, président de la commission éducation de la Licra ; Iannis Roder, enseignant ; Vincent Ruprich-Robert, président du CL Buffault à Paris ; Jean-Pierre Sakoun, ancien président du Comité laïcité république ; Xavier Schneider, président du CDPE 67 ; Claude Secroun, ancien président du CL FCPE à Gueux, représentant de la LICRA auprès du Collectif Laïque National ; Alain Seksig, ancien adhérent FCPE Paris 20e, inspecteur d’académie ; Georges Sérignac, Grand Maître du Grand Orient de France ; Annie Sugier, présidente de la Ligue du droit international des femmes ; Claudine Tiercelin, professeur au Collège de France ; Jean-Yves VAYSSIERES, président du Conseil départemental des Associations Familiales Laïques du Val d’Oise, Corinne Zelman, ancienne présidente FCPE Paris 8e et DDEN.

Mis en ligne le 05 Avr. 2021 10:00