La fondatrice de Docndoc, médecin radiologue, œuvre dans le premier centre parisien référent COVID-19. Des premiers murmures concernant l’arrivée du virus en France à la crise sanitaire majeure à laquelle font face tous les professionnels de santé, elle raconte l’envers du décor, celui qu’on ne voit pas à la télévision.

Chroniques d’une pandémie expliquée à cœur ouvert. (Vous retrouverez cette chronique ICI et l’intégralité des publications sur docndoc.fr )
Épisode 4ème.

 

Chroniques : COVID-19, on t’aura ! (suite) – Parcours patient et vie de famille impactée

Un parcours patient complexe

Toutes les consultations non indispensables sont annulées, tous les blocs opératoires non indispensables sont annulés. Tous les réanimateurs sont mobilisés en premier, puis une deuxième ligne est organisée. Des équipes en double se créent : prévoir un épuisement, prévoir une atteinte COVID des confrères et les relayer ?

Un tombe, l’autre le remplace.

Toute la vie hospitalière est arrêtée, brutalement. La ruche s’éteint. Les couloirs sont vides. Le réfectoire est fermé. On nous distribue des paniers repas. Les salles de détente sont occupées 3 à 3, en roulement.

Le parcours patient COVID + est enfin fléché, compris, digéré et respecté. Des étages entiers sont dédiés aux patients COVID +. Des ascenseurs sont réquisitionnés. En revanche, c’est assez compliqué d’aérer à l’hôpital, toutes les fenêtres sont sécurisées…

Et arrive la menace :
Un problème fondamental se pose : restriction de masques.
Les patients COVID+ doivent porter des masques ainsi que les soignants, mais qui choisir entre les deux?

Les soignants au contact de patients tout venant doivent porter un masque.

Certains patients ne supportent pas ce masque. Certains l’enlèvent pour éternuer ! D’autres le mettent dans la poche pour la grand-mère ! D’autres, encore, le donnent à leurs enfants enrhumés…

Le personnel soignant doit enseigner les consignes aux patients.
Le personnel soignant, efficace et pédagogue, explique et réexplique les manœuvres de protection aux patients, barrières et distanciation pour eux-mêmes.

L’ambiance est très particulière.

Les services sont organisés en espace différenciés COVID+ et COVID- (dite « zone propre »). Les patients suspects transitent d’une zone à l’autre en fonction de leur négativité.

Les équipes médicales ont une répartition du travail très différente d’un service à l’autre.
Les services d’infectiologie, les biologistes, les réanimateurs les radiologues sont débordés. Les équipes fonctionnent 24 heures sur 24. Gardes doublées. Les patients sont lourds, polypathologiques, les familles et visites sont interdites. Les patients sont encore plus isolés.

Double peine : COVID + et seul !

Les équipes de chirurgie sont plus calmes et tournent en rond. Tout le monde veut aider, mais comment ?

Dans chaque service, un même but : garder une équipe sur pieds, valide et efficace.
Comment s’organiser? Un médecin sur deux ? Il faut garder une deuxième ligne pour remplacer ceux qui sont infectés ou épuisés.

L’ouragan ne fait que commencer.

Un soutien moral de la population essentiel

En rentrant de l’hôpital, après un week-end de garde, de discussion avec l’équipe de garde, de résolution de problèmes, j’entends les applaudissement de 20h. J’ai gagné mon week-end !

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Mis en ligne le 04 Avril 2020