Schisme ou guerre d’egos à la grande mosquée de Cergy ?

La grande mosquée de Cergy ou plus exactement la Fédération musulmane de Cergy (Fmc) qui se voulait un modèle de démocratie avec à sa tête un Président élu démocratiquement connait désormais quelques difficultés.

Pour mémoire, la grande mosquée de Cergy a été édifiée à l’initiative de la Fmc (Fédération musulmane de Cergy – association cultuelle régie par la loi de 1901 – créée lors d’assemblée générale le 22 juin 2003). Coût 3.747.598 euros ! Le Maire socialiste de l’époque – Dominique Lefebvre – accompagne le projet et cède le terrain en 2005 (bail emphytéotique !).

La Fmc est dès le départ composée de 10 associations qui se disent représentatives de la diversité de la communauté musulmane de Cergy.

Le projet majeur de la Fmc était le financement et la construction d’une grande mosquée à Cergy. Cet objectif est atteint le 6 juillet 2012.

La mosquée héberge désormais en son sein l’Institut An Nour, qui dispense des cours d’arabe et des cours coraniques et organise régulièrement des conférences.

Un difficile équilibre

On comprend dès lors qu’il y a, en son sein, un difficile équilibre entre les tendances et des enjeux de pouvoir entre les différentes sensibilités de l’islam.

Rapidement, des difficultés sont apparues dès la recherche de financement des travaux avec notamment l’engagement d’un état musulman d’apporter un soutien financier important … puis son retrait alors que les travaux étaient largement engagés ! En filigrane, même si les responsables d’alors ont eu tendance à éluder les causes réelles de cette défaillance, certains soulignaient déjà que la Fmc n’était pas « dans la ligne » !

La démocratie est un exercice compliqué, surtout quand la religion s’en mêle … et nos dirigeants politiques en savent quelque chose !

 La discorde

Selon la Gazette du Val d’Oise, dans son édition du 7 août dernier, les premiers signes palpables de discorde au sein de la Fmc sont apparus en 2018 avec des divergences entre le Président, Noureddine Chafaï, et certains membres du bureau.

Il semble qu’un point de non-retour ait été atteint quand le Président a décidé (unilatéralement ?) de l’adhésion de nouvelles associations et donc de la modification de la composition du Conseil d’administration, violant ainsi les statuts. Mais surtout, modifiant par là même l’équilibre interne de la fédération.

A la suite d’un Conseil d’administration extraordinaire, réuni dans sa composition initiale le 9 juin dernier, Nourredine Chafaï a été largement mis en minorité.  

Dans la foulée, une assemblée générale a été convoquée qui a prononcé la destitution de Nourredine Chafaï. Un nouveau Président par intérim – Ali Liaquat – a été élu.

Une action en justice a été intentée par Nourredine Chafaï.

Recours au Tribunal qui devra trancher.

Le 17 juillet tout les protagonistes – l’ancien Président et la Fmc – ont comparu devant le tribunal de Pontoise. L’affaire a été renvoyée au 30 août.

Selon certaines sources Nourredine Chafaï aurait « pris la grosse tête » et se serait soustrait aux obligations statutaires de la Fmc pour assouvir un pouvoir qu’il partageait de moins en moins.

Selon d’autres, il y aurait des querelles idéologiques et la personnalité de Nourredine Chafaï cacherait la volonté, par certains d’imposer une orientation religieuse qui s’accommode mal de la volonté de la Fmc d’apparaître en paix avec la République.

En dehors de la stricte application des statuts sur laquelle le juge aura à se prononcer y verrons-nous plus clair après le 30 août, à l’issue du verdict ?

Les familles laïques vigilantes !

Les familles laïques se refusent à intervenir dans la vie privée – et la religion en fait partie – des croyants dès lors que les lois de la République sont respectées.

Pour autant, elles ne sauraient se désintéresser de manœuvres qui auraient pour objectif de remettre en cause de manière insidieuse le vivre ensemble, la citoyenneté.

Nous restons attentifs !

CDAFAL 95 le 12 août 2019