Entre la santé des consommateurs et la préservation de la biodiversité, entre l’intérêt financier des producteurs de betteraves sucrières et la santé des français, Julien Denormandie a semble-t-il vite choisi !
Peu importe les effets sur la biodiversité ou la santé : les néonicotinoïdes sont de retour !
Pour répondre aux multiples alertes des betteraviers et de nombreux élus qui réclament outre un plan de soutien à la filière betteravière, une dérogation temporaire pour utiliser des néonicotinoïdes – en enrobage des semences – afin de protéger les betteraves des pucerons, le nouveau Ministre de l’agriculture et de l’alimentation à peine nommé, Julien Denormandie, a affirmé devant l’Assemblée nationale : « Jamais, jamais, jamais, je n’abandonnerai » la filière de la betterave à sucre, confrontée à des attaques de pucerons qui amputent les rendements » et dans la foulée de promettre une « modification législative » à l’automne afin de déroger à l’interdiction [de 2018] dès 2021, ainsi que les deux années suivantes « tout au plus ». Il n’a pas caché que son objectif était d’abord d’éviter un abandon massif de la betterave en 2021 par les agriculteurs.
A ce jour, Barbara Pompili, Ministre de l’écologie, reste sans voix ! …
Et comme la porte semble s’ouvrir, bonne aubaine, les producteurs de maïs emboitent le pas des betteraviers et demandent eux aussi à bénéficier de cette dérogation. Pourquoi se gêner ?
Or, ces néonicotinoïdes ont des effets dévastateurs sur l’environnement : ils posent des problèmes de sécurité environnementale, alimentaire et sanitaire pour l’Homme et les abeilles domestiques, mais aussi pour les apidés sauvages et de nombreux autres groupes (invertébrés terrestres et aquatiques, poissons, reptiles et amphibiens, oiseaux insectivores, rongeurs, chiroptères).
C’est parce qu’ils sont connus pour s’attaquer au système nerveux des insectes, donc des pollinisateurs comme les abeilles et fortement suspectés d’atteintes graves chez l’Homme (des conséquences développementales ou neurologiques défavorables, l’autisme, des troubles de la mémoire et de tremblements, de malformation du cœur ou encore l’anencéphalie) qu’ils ont été interdits de tout usage phytosanitaire en septembre 2018.
Utilisés sous la forme de semences enrobées (et non sous forme de pulvérisation par voie aérienne), les néonicotinoïdes sont des produits que l’on dit « systémiques » : ils infusent la plante tout au long de sa croissance. Les néonicotinoïdes ne sont donc pas seulement dangereux au moment de la floraison lorsque les abeilles butinent, mais ils le sont aussi au moment des semis et pendant la guttation (perte directe d’eau des parties aériennes des plantes vivantes sous forme de liquide – la nuit ou le matin par exemple – ce qui n’est pas la même chose que la transpiration !).
Ils peuvent donc être avalés sous la forme de graine par des oiseaux, ingérés par des insectes se promenant sur la tige de la plante, absorbés par le sol ou des écoulements d’eaux et contaminer ainsi d’autres espèces sauvages… Bref, c’est toute la biodiversité autour de la plante traitée qui est affectée.
Mais pour notre Ministre de l’agriculture et de l’alimentation et certains élus, cela ne semble pas très important au regard de la production betteravière et … de l’industrie du sucre !
A votre santé et à celle de la planète !
Mis en ligne le 10 août 2020 15:00
Mis à jour le 10 Août 2020 16:00