Contribution au débat après l’allocution  du Président de la République du 13 avril 2020.

NDLR : cet article a été écrit le 17 avril. Il ne tient donc pas compte du revirement du Président de la République – ce 18 avril – qui bien qu’ayant annoncé dans son allocution “Nous demanderons aux personnes les plus vulnérables … les personnes âgées … de rester, même après le 11 mai, confinées”, a soudain changé de discours. Nous l’avions sans doute mal compris …

Le CoViD19 pour Sauver les EHPAD !

Enfin ! Le Président Macron a décidé de contribuer au sauvetage d’EHPAD qui auraient risqué de disparaitre en raison de la pandémie CoViD-19.

Qui sont les personnes âgées ?

Comprenons bien la situation : d’un côté des EHPAD exsangues, avec personnels – en sous-effectif permanent – et patients confinés … afin que le que le virus ne s’échappe pas de l’établissement. Des « Charles de Gaulle » en miniature !

De l’autre des “personnes âgées” ???

Ne vous demandez pas qui ? Ni comment ? Ou à quoi les reconnait-on ? Des vieux ! tout court ! Peut-être ceux qui ne sont plus actifs ?  Eh non ! … Ceux qui ne sont plus productifs alors ? Pas tout à fait non plus ! S’agit-il de ceux qui ne produisent plus de richesses ? Pas plus ! … Comment évalue-t-on la richesse ?

Dans la bouche du Président, ce sont ceux qui ne travaillent plus ! N’y aurait-il pas des “jeunes” qui ne travaillent plus faute de trouver un emploi ?

Enfin, des vieux quoi, comme vous en rencontriez autrefois dans les grandes surfaces… ou les petites échoppes.

Jusqu’à présent, quand ils le pouvaient, ils vivaient tranquilles et jouissaient de leur temps libre quelques fois, souvent même, pour aider les autres ou leur famille.

Autrefois, c’était avant le CoViD-19, quand ils se rencontraient, en faisant leurs courses, les vieux discutaient, échangeaient des informations sur l’entourage : sur la voisine qui … et l’autre qui … ou encore celle-là qu’on ne voyait plus.

Aussi des personnes âgées altruistes, engagées dans la vie associative et le bénévolat souvent auprès des plus démunis, des abîmés de la société, de ceux qui n’ont rien ou si peu …

Faut-il déconfinés les vieux ?

Afin de préparer les esprits un tantinet embrumés, notre président a donc suggéré que ces “vieux” ne seraient peut-être pas déconfinés en même temps que les actifs car ils sont plus fragiles que les jeunes. Il faut les protéger ! C’est scientifique non ? C’est comme le CoDiV-19 : vous ne savez ni quand ni comment ça vous attrape ! D’un coup vous êtes devenus vieux et par là, du même coup, vous êtes subitement devenu fragile.  Et il faut que la société vous protège … même si vous n’avez rien demandé. Surtout si vous n’avez rien demandé !

Donc, selon la même loi, étant devenu vieux vous risquez à la fois d’être victimes du SARS-CoV-2 et d’embouteiller les urgences qui n’avaient déjà pas besoin de vous pour être en surchauffe. Tous les soirs à 20 heures, des millions de Français montrent qu’ils ne l’ont pas oublié.

Essayons d’être clair. Outre ce que nous venons de voir, confiner les vieux à de multiples avantages.  Le premier, et ce n’est pas le moindre, ils n’encombreront plus les allées des grandes surfaces – même s’ils ont un accès prioritaire – et ne pourront plus discuter entre les paquets de nouilles et les bouteilles d’huile, ce qui devrait permettre d’accélérer la circulation : plus de produits rangés trop haut que les vieux ne peuvent pas attraper pendant que leur caddie bloque la circulation entre deux gondoles.

Le passage en caisse avec la pièce d’un centime cachée au fond du porte-monnaie, les articles à sortir du caddie, puis à ranger, le ticket de caisse oublié, … autant de situations qu’on ne devrait plus connaître. Les jeunes, donc tous ceux qui ne sont pas vieux, pourrons faire leur course plus rapidement puisque, c’est bien connu aussi, c’est toujours à la caisse que nous faisons la queue.

Les vieux confinés feront moins d’exercices physiques : plus de promenades salvatrices dans les rues du quartier ou dans les parcs ! Plus besoin de bancs publics ! Sauf peut-être pour les amoureux.

Parce qu’ils aiment sortir de chez eux juste pour le plaisir de “faire un tour”, les vieux confinés vont rapidement perdre le goût des sorties avec autorisation dérogatoire. Rapidement, parce que ces choses-là vont vite quand on est vieux, ils vont perdre le goût de l’effort et en même temps leur autonomie. Voire le goût de vivre.

Et c’est là que de nombreux EHPAD qui ont perdu beaucoup de clients pendant la pandémie et qui risquent donc de perdre beaucoup d’argent, vont ouvrir très grandes leurs portes assurant ainsi pour quelques-uns leur équilibre financier et pour le plus grand nombre le maintien de leurs juteux profits à répartir entre les actionnaires.

Pour sauver le Tour de France, déconfinons !

Mais, l’ami des vieux, celui qui ne souhaite que leur bien, qui veut les protéger, notre bien aimé Président Macron a été mal conseillé.

Annoncer le prolongement du confinement des vieux en même temps qu’on renvoie les élèves à leurs études … on peut peut-être en discuter.

Cependant, autoriser le Tour de France fin août à début septembre, pose un problème de timing.

En septembre, toutes les forces vives de notre pays seront au travail pour “redémarrer l’activité de l’industrie, des commerces et des services” (E. Macron) : si nous avons bien compris, tous les droits à congés et RTT auront été épuisés durant le confinement (ou il n’en restera plus grand-chose) et donc tout le monde sera à la besogne. Les enfants et les jeunes, comme on vient de le voir, auront retrouvé la voie de leur école, collège, lycée ou (peut-être) université.

Ne resteraient donc que les vieux pour aller applaudir les valeureux coureurs du Tour de France tout au long de leur périple.

Vues les sommes en jeu qui ont été annoncées ce serait tout de même un peu bête qu’il n’y ait personne au bord des routes. Ou devant le petit écran. Le déficit ne pourrait que croître.

Il est donc possible que les personnes âgées doivent leur salut au Tour de France !

Et pour sauver les EHPAD : la générosité publique ?

Et les EHPAD alors ?

Nous pourrions peut-être en profiter pour améliorer les conditions d’accueil ?

Rappelons-nous : il a fallu un été meurtrier (la canicule) pour qu’un gouvernement décide qu’il fallait se pencher sur les équipements des EHPAD en climatisation et décréter une journée annuelle de salaire (de tous ?) pour la dépendance.

Avec le CoViD-19, on obtiendra peut-être de meilleures conditions d’accueil pour nos aînés ?

L’humoriste Elie Semoun a déjà lancé une collecte pour venir en aide à l’EHPAD de son père en particulier et plus généralement à tous les EHPAD … ce doit être de l’humour (au moins) au troisième degré.

Peut-on rêver que, pour une fois, les moyens nécessaires soient amputer sur le profit des actionnaires et ne dépendent pas du seul résultat d’un appel de la générosité publique ?

Mis en ligne le 18 Avril 2020