Accompagnant la campagne de vaccination, le Groupement Hospitalier EAUBONNE-MONTMORENCY (GHEM) a édité une plaquette de vulgarisation permettant aux non-spécialistes de mieux comprendre tous les aspects des nouveaux vaccins et de la vaccination.
En mettant cette information à votre disposition, nous pensons, si ce n’est vous convaincre de l’utilité de la vaccination, du moins participer à dissiper les malentendus et contribuer à éclairer vos décisions.
POURQUOI LA FRANCE N’A-T-ELLE PAS CHOISI UN AUTRE VACCIN BASÉ SUR UNE TECHNOLOGIE AYANT DEJA FAIT SES PREUVES, COMME LE VACCIN UTILISÉ EN CHINE ?
Plusieurs vaccins contenant le SARS-CoV-2 entier sous forme inactivée sont en développement clinique (phases l, 2 ou 3). Le vaccin utilisé en Chine est un vaccin inactivé contenant un adjuvant (sels d’aluminium). Les données d’efficacité et de tolérance de ce vaccin ne sont pas disponibles : pas de publications scientifiques. Il n’est donc pas possible, à l’heure actuelle, de l’utiliser. Rien ne permet de prédire une meilleure efficacité et/ou tolérance de ce type de vaccin anti-Covidl9.
COMMENT FONCTIONNE UN VACCIN À ARN MESSAGER (ARNm) ?
La technologie des vaccins à ARNm est connue depuis une dizaine d’années mais, malgré son attrait (simplicité du concept, rapidité de développement et facilité de production), elle n’a pas pu bénéficier des investissements nécessaires avant la mobilisation résultant de la pandémie de COVID-19. Si ces vaccins à ARNm tiennent leurs promesses, cette technologie simple pourrait être adoptée à l’avenir pour de nombreux autres vaccins – y compris contre la grippe. Le développement de ces nouveaux vaccins n’est donc pas “parti de rien”.
Les vaccins à ARNm contiennent un enchaînement de nucléotides exprimant la protéine de surface du SARS-CoV-2, encapsulés dans des nanoparticules (taille 80 nm). Ces nanoparticules sont composées de divers lipides. Deux doses vaccinales sont nécessaires.
C’est un petit morceau de code génétique à traduire en protéine, entouré d’une capsule de lipides permettant d’entrer dans les cellules humaines. Mais, à la différence du virus complet, ce type de vaccin contient UNIQUEMENT l’ARNm qui code pour la protéine de surface du virus (Spike) – il ne contient pas le matériel génétique nécessaire pour fabriquer un virus complet capable ensuite de se multiplier et de provoquer une COVID-19.
Et les nanoparticules lipidiques ?
On appelle “nanoparticules” toutes les particules de taille comprise entre 1 et 100 nanomètres – c’est l’échelle de grandeur de nombreux virus. La tolérance aux nanoparticules dépend largement de leur composition. Certaines sont très toxiques, comme celles issues de la fumée de tabac. Les nanoparticules de lipides utilisées dans les vaccins à ARNm mesurent environ 80 nanomètres et sont constituées de lipides similaires à ceux que l’on trouve dans le corps humain; elles ne contiennent pas de métaux (argent, titane, or, etc.). Elles sont déjà utilisées dans plusieurs médicaments, notamment dans le traitement du cancer.
Y A-T-IL DES ADJUVANTS AJOUTÉS DANS LES VACCINS À ARNm ?
Non l’activation du système immunitaire, dirigée contre la protéine de surface du virus (Spike) repose directement sur l’ARNm codant pour cette protéine de surface et les lipides qui l’entourent.
L’ARNm CONTENU DANS LES VACCINS À ARN PEUT-IL MODIFIER NOTRE GENOME ?
Non, les vaccins à ARNm ne peuvent pas entrer dans le noyau des cellules qui contient notre code génétique sous forme d’ADN. Dans les conditions normales, les ARNm ne sont pastranscrits en ADN ; ils sont directement lus et traduits en protéines par les ribosomes dans le cytoplasme des cellules humaines qui les prennent en charge. De plus, chaque cellule de notre organisme contient de nombreuses enzymes qui dégradent rapidement les ARNm. Il est actuellement estimé que I’ ARNm viral ne persiste pas plus de 24 heures après l’injection : il est découpé en nucléotides qui sont ensuite éliminés par la “machinerie” cellulaire.
QUEL EST L’EFFICACITÉ DU VACCIN À ARNm COMMERCIALISÉ PAR PFIZER/ BIONTECH, ACTUELLEMENT DISPONIBLE EN France ?
Les données publiées de l’essai clinique évaluant l’efficacité de ce vaccin versus placebo rapportent une excellente efficacité sur la prévention de la maladie Covid-19 : baisse de 95% dans le groupe vacciné, avec un schéma à 2 doses espacées de 21 à 42jours.
QUELLE EST LA DUREE DE PROTECTION DES VACCINS À ARN ?
On ne sait pas encore. En effet, il est possible que l’efficacité des vaccins à ARNm reste très élevée (95%) pendant des années, ou qu’elle diminue après 3-4 mois pour se stabiliser ensuite, ou encore qu’elle diminue de manière continue. Ainsi, on ne peut pas encore exclure qu’une vaccination périodique (annuelle ?) soit nécessaire pour les personnes à risques, comme c’est le cas avec la grippe.
Quel est son effet sur le portage du virus ?
Alors que l’efficacité sur la maladie est démontrée, on ne sait pas encore si les vaccins à ARNm empêchent le portage (infection sans symptômes) et donc la transmission du virus. Mais les premières études sont en faveur d’une baisse de ce portage.
Que se passe-t-il pour le variant anglais découvert récemment étant donné que les vaccins à ARNm sont basés sur la protéine de surface (“Spike”) du virus, qui peut se modifier…?
Les mutations dans la séquence de la protéine Spike surviennent constamment, mais elles ne modifient pas fondamentalement les caractéristiques du virus. Si cela devait être le cas un jour – au point de rendre les vaccins basés sur la séquence actuelle inefficaces – il faudrait adapter les vaccins, par exemple en changeant simplement la molécule d’ARNm afin qu’elle code pour la protéine mutée. Cette adaptation serait bien plus facile à réaliser que les modifications nécessaires pour adapter chaque année les vaccins contre la grippe.
QUELS SONT LES EFFETS SECONDAIRES DU VACCIN À ARNm COMMERCIALISÉ PAR PFIZER, BIENTOT DISPONIBLE EN EUROPE ?
A court terme
Les effets secondaires observés avec les vaccins à ARNm ne sont pas différents de ceux observés dans le cadre des vaccinations habituelles. Il s’agit des réactions inflammatoires liées à la réponse normale de notre système immunitaire face à un “corps étranger”. Ce sont les réactions locales (douleur/rougeur/tension) au point d’injection et/ou générales (fièvre, fatigue, maux de tête, courbatures, etc.}. Elles surviennent dans les 48 heures suivant l’injection et sont transitoires comme pour la plupart des vaccins (durée médiane de 1 jour). La fréquence des réactions locales est similaire à celle des vaccins antigrippaux. En revanche, la fréquence des réactions générales est plus élevée (essentiellement fatigue, maux de tête et courbatures, ces symptômes étant majoritairement d’intensité faible à modérée}. Leur fréquence dépend de l’âge, avec moins de réactions secondaires après l’âge de 55 ans. Des réactions allergiques anaphylactiques sont estimées à 1 cas sur 100 000.
Along terme
Les effets secondaires surviennent dans les jours, les semaines et les 2 à 3 mois qui suivent une vaccination, pendant que le système immunitaire est activé. Ainsi, un recul de 6 mois est suffisant pour les identifier. Les inclusions des patients dans les études pour les 2 vaccins à ARNm ont commencé en mai et août 2020. L’autre facteur important pour estimer la sécurité d’un vaccin est le nombre de personnes déjà vaccinées sans signal d’alerte. Le nombre de patients vaccinés avec un vaccin à ARNm, inclus dans les études (Pfizer et Moderna) est d’environ 35 000 (l’autre moitié des patients inclus ayant reçu un placebo). Des effets indésirables graves (EIG) ont été observés mais sont très rares : de l’ordre de 1 cas pour 100 000 personnes vaccinées.
Y A-T-IL UN RISQUE À SE FAIRE VACCINER EN CAS DE TERRAIN ALLERGIQUE ?
Des réactions allergiques sévères ont été signalées en Grande-Bretagne, peu après le début de la campagne de vaccination avec le vaccin ARN de Pfizer. Ce vaccin est maintenant contre-indiqué en cas d’antécédents de réaction anaphylactique sévère et chez les sujets ayant une prescription d’adrénaline injectable. Les patients vaccinés sont ainsi gardés sous surveillance médicale pendant 15 minutes par prudence
Quelles sont les autres contre-indications des vaccins à ARN anti-Covid19 ?
La grossesse et la population pédiatrique, faute de données à l’heure actuelle, pas de CI dans le RCP. La seule contre-indication est la sensibilité aux composants du vaccin. Il existe peu de données sur l’utilisation du vaccin Comirnaty chez la femme en enceinte, son utilisation doit être envisagée seulement si les bénéfices potentiels l’emportent sur les risques potentiels pour la mère et le fœtus.
En cas d’affection aiguë (fièvre, etc.), il est conseillé de repousser la vaccination jusqu’à sa résolution.
QUI EST VACCINÉ EN PRIORITÉ ?
La haute Autorité de Santé a établi la liste des priorités. Il s’agit de vacciner en priorité les personnes âgées résidentes d’EHPAD et d’USLD, ainsi que les professionnels de santé de plus de 50 ans ou présentant des risques de formes graves.
Le but premier de la vaccination n’est pas d’éliminer le virus SARS-CoV-2 (comme celui de la polio ou de la rougeole), mais de protéger les personnes à risques élevés de complications. L’objectif est donc d’atteindre un taux de vaccination élevé parmi les personnes âgées ou avec des facteurs de risque pré-disposant aux formes graves de Covid-19 (diabète, hypertension, etc.) et chez leurs proches, que ce soit à titre privé ou professionnel. Lorsque suffisamment de vaccins seront disponibles, les adultes en bonne santé qui souhaitent éviter la COVID-19 pourront également être vaccinés.
PEUT-ON SE FAIRE VACCINER SI L’ON A DEJA ETE INFECTÉ PAR LE COVID ?
La Haute Autorité de Santé ne recommande pas la vaccination pour un patient COVID de moins de 3 mois.
FAUDRA-T-IL TOUJOURS PORTER UN MASQUE UNE FOIS VACCINÉ ?
En l’état des connaissances, les vaccins aujourd’hui disponibles ou en cours de développement réduisent la sévérité des symptômes, mais pas la contagiosité. On devra donc continuer de porter un masque.
COMMENT SERONT SURVEILLÉS LES VACCINS CONTRE LE COVID ?
Dans le cadre de la campagne nationale de vaccination contre la COVI D-19, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) met en place un dispositif spécifique de surveillance renforcée des effets indésirables des vaccins anti-Covid-19 sur le territoire français. Ce dispositif s’intègre dans le plan de gestion des risques coordonné par l’Agence Européenne des Médicaments (EMA).
Sur signalement-sante.gouv.fr, les professionnels de santé ou les usagers pourront signaler tout effet indésirable à la suite d’une vaccination.
Une enquête sera menée pour surveiller en temps réel le degré/profil de sécurité des vaccins. Un comité de suivi hebdomadaire vaccins COVID-19 suivra les actions mises en place. À l’issue de chaque comité de suivi, l’ANSM publiera sur son site internet le rapport de pharmacovigilance, les chiffres clés et les résultats marquants.
Des études pharmaco-épidémiologiques permettront de mesurer les risques d’événements indésirables post vaccinaux graves à l’échelle de l’ensemble de la population en France.
VACCINATION COVID 19 :
Questions / Réponses
Un comité de pilotage de la vaccination Covid-19 s’est constitué avec pour objectif de mettre en place la stratégie vaccinale à l’Hôpital Simone Veil [d’Eaubonne-Montmorency]. Ce groupe a validé ce document qui répond aux principales questions que vous vous posez sur le vaccin.
DOIT-ON SE REJOUIR D’AVOIR UN VACCIN ANTI-COVID19 AUSSI RAPIDEMENT ?
Oui, c’est une bonne nouvelle car c’est actuellement le seul espoir de contrôle de cette pandémie. Ces vaccins ont été développés très rapidement, en conduisant en parallèle toutes les phases de développement au lieu de les faire se succéder les unes après les autres- mais sans renoncer aux contrôles de qualité à chaque étape. Ils sont commercialisés en France depuis que les autorités indépendantes ont confirmé leur qualité, leur sécurité et leur efficacité. L’agence européenne a rendu des avis positifs sur deux vaccins à ce jour : celui développé par Pfizer (Cominarty) et celui de Moderna.
QUELS SONT LES DIFFERENTS TYPES DE VACCIN ANTI-COVID19 ?
Ils reposent sur des approches différentes : vaccins vivants atténués, vaccins inactivés, vaccins sous-unitaires/purifiés, vaccins à vecteur viral, vaccins à cellules recombinantes, vaccins à acides nucléiques ou nucléotides (ADN, ARN).
Pour en savoir plus, visionnez la vidéo en suivant le lien suivant :
https://www.youtube.com/watch?v=Ww0s5KALuuc
Sources utilisées [par le GHEM (Groupement Hospitalier Eaubonne-Montmorency)] pour créer ce document :
HAS (Haute autorité de Santé)
ANSM (Agence Nationale de de Sécurité du Médicament)
Santé Publique France
Ministère de la Santé et des Solidarités
Vous avez d’autres questions sur le vaccin ?
Si vous êtes usager des services de santé du GHEM où relevez de son aire géographique, vous pouvez contacter la ligne directe
- par mail : lignedirecte@ch-simoneveil.fr
- par whatsApp sur le 06 37 76 60 35
Les membres du Comité de Pilotage vous répondront dans les meilleurs délais
Quelque soit votre lieu de résidence:
Le Gouvernement a également créé une foire aux questions sur le vaccin que nous vous conseillons de consulter.
Mis en ligne le 26 Janv. 2021 20:30
Mise à jour 26 Janv. 2021 22:40
Mise à jour 27 Janv. 2021 14:00