Selon le “Canard enchainé” daté du 8 janvier, c’est un petit séisme qui secoue le monde feutré de l’assurance.
Le 23 décembre, dans la plus grande discrétion, le ministère des Finances a pris acte de la démission de Philippe Baillot, le médiateur de l’assurance. Depuis des mois, cet intermédiaire – nommé en 2015 et, théoriquement, inamovible -, qui, en cas de litige, assure le lien entre les compagnies et les consommateurs, se trouvait dans le viseur de Bercy.”

Les souscripteurs en conflit avec leur assurance ne savaient pas à qui ils avait à faire : le médiateur ou le courtier des assurances ?

Parti « pour raisons personnelles », Philippe Baillot laisse en carafe des milliers de dossiers. Chaque année, plus de 15 000 assurés faisaient appel à lui

C’est en mai puis en décembre 2018 que la Commission d’évaluation et de contrôle de la médiation de la consommation (CECMC), qui supervise son activité, lui adresse ses premières critiques. Ses deux courriers mentionnent « des dysfonctionnements quant au traitement des demandes de médiation ». Le fait, notamment, de facturer des frais de dossier aux assureurs pour des litiges pourtant déclarés irrecevables par le médiateur.
En août 2019, la même CECMC reproche à Baillot des délais de traitement complexes ou trop longs et l’envoi de propositions de médiation adressées en priorité aux assureurs. Surtout, elle cite plusieurs courriers de consommateurs soupçonnant le médiateur de « conflit d’intérêts ».

L’un d’eux, en bisbille avec Aviva, regrette que Philippe Baillot ne lui ait pas précisé qu’il avait travaillé (de 2000 à 2002, comme directeur du marketing stratégique) au sein de ce groupe.

Un autre, assuré chez Foncia – contrat souscrit auprès de la Banque populaire (BPCE) -, a découvert [que Philippe Baillot] exerçait auparavant (jusqu’en 2015) « de très hautes fonctions dans le groupe BPCE (…), et jamais [il ne l’en] a informé ».

Sollicité par « Le Canard », l’intéressé n’a pas souhaité répondre.

Le 24 octobre dernier, la même Commission réitère une partie de ses critiques et l’avertit d’un « contrôle approfondi », évoquant, sans trop de diplomatie, une cessation de son activité.

Le 23 décembre, Corinne Dromer, présidente du conseil d’administration de la médiation de l’assurance, annonce la démission de Philippe Baillot aux dirigeants de la CECMC et promet au passage « une réforme en profondeur des procédures de médiation ».

Et le “Canard enchainé” d’ironiser : “Pour que les assurés soient rassurés ?

De son côté, Capital relève – tout comme le “Canard enchainé” – que  “la CECMC aurait reçu plusieurs courriers d’assurés soupçonnant le médiateur de “conflits d’intérêt”, notamment lors de différents avec Aviva, pour qui Philippe Baillot a travaillé de 2000 à 2001.” … et que tout comme le “Canard enchainé” Captal n’a pas eu de réponse.

Cependant, selon “L’Argus de l’assurance”, Le médiateur ne laisse toutefois pas en plan les assurés. “Philippe Baillot a formellement remis sa démission mais cette décision est pour l’heure très prématurée. Il ne peut partir comme ça. Il faut qu’il puisse assurer la continuité de la médiation pendant quelques mois encore, le temps qu’un successeur soit désigné”, assure au site un proche du dossier.”

Les assurés doivent-ils s’en réjouir ?

Mis en ligne le 9 janv. 2020