Malgré la volonté des communes de leur porter un coup d’arrêt, en 2020 les dépôts sauvages se poursuivent dans le Val d’Oise. Pour faire face au manque de moyens financiers, un front uni s’est créé – Communes, Conseil Départemental, Région – en vue d’éradiquer cette plaie qui au-delà de l’aspect visuel déplorable pour le paysage, provoque aussi une atteinte délétère à l’environnement, moins visible mais plus nuisible encore, par les pollutions chimiques engendrées dont les effets se perpétuent durant plusieurs années, voire pour certains plusieurs dizaines d’années ou plusieurs siècles et mettent en danger la santé des riverains et des agents chargés d’intervenir pour nettoyer les terrains.
L’Écho du Val d’Oise. Publié le 1er déc. 2020
La lutte contre les dépôts sauvages de déchets s’intensifie
La guerre des dépôts sauvages n’est pas encore gagnée dans le Val-d’Oise. Benne de déchets au bord d’un chemin ou gravats abandonnés sur des parcelles agricoles, les dépôts sauvages n’ont pas ralenti dans le département en 2020 . En 2019, la gendarmerie y avait relevé 160 infractions entre janvier et novembre et comptabilisé 281 lieux de déversement d’ordures, pour l’essentiel des déchets du bâtiment.
Si le territoire est particulièrement touché par ces délits, probablement du fait de la proximité des zones rurales et des zones d’activité, « tous les départements sont concernés à des degrés divers » (Cf. Les Echos du 8 mars 2019) , indique Jean-Philippe Dugoin-Clément, vice-président de la Région en charge de l’Environnement et du Développement Durable. Au début de cette année, le coup d’envoi au nettoyage de la « mer de déchets » accumulée depuis plus de vingt ans dans les Yvelines, à cheval sur les communes de Carrières-sous-Poissy, Triel-sur-Seine et Chanteloup-les-Vignes, a mis en évidence l’urgence de la question pour les collectivités territoriales. C’est dans ce contexte que la Région Ile-de-France a organisé le 3 décembre dernier son deuxième forum sur la lutte contre les dépôts sauvages, avec, au programme, une grande séquence consacrée au cas valdoisien.
Région et département pourraient assurer jusqu’à 70 % du financement global.
Déjà, une réunion d’urgence s’est tenue le mois dernier à la mairie de Bouqueval, à l’initiative de Benoît Jimenez, le nouveau président du Syndicat mixte pour l’aménagement hydraulique des vallées du Croult et du Petit Rosne (SIAH), par ailleurs maire (UDI) de Garges-lès-Gonesse. Ordre du jour : les dépôts sauvages qui s’amoncellent sur une zone commune à Bouqueval, Goussainville, Gonesse et Le Thillay.
« Cette déchetterie à ciel ouvert met en péril nos ouvrages et la protection de nos agents », explique Benoît Jimenez. Il a donc été convenu d’une part de demander à Veolia, opérateur majeur sur le territoire, associé à la réunion, de rapidement réaliser un devis, d’autre part de « voir qui est en capacité de participer au financement de l’évacuation des déchets et d’une solution pérenne », précise l’élu pour qui « il n’est pas question d’avoir de nouveau un sujet à 1 million sur la table l’année prochaine ». Les communes, qui ont l’obligation légale d’agir, sous peine d’engager leurs responsabilités, ont d’autant moins les moyens de contribuer que les plus concernées par les volumes des
dépôts sont les plus petites _ Bouqueval affichait 306 habitants en 2017.
A l’heure de l’économie circulaire, le recyclage recule
La Région devait intervenir pour financer l’enlèvement, la dépollution, le retraitement de déchets, assure Jean-Philippe Dugoin-Clément. La collectivité apporte dans de tels cas une enveloppe qui peut aller jusqu’à 100.000 euros et une autre, à hauteur de 200.000 euros, pour aider au réaménagement du site et au blocage des accès, soit 300.000 euros au total. Le département du Val-d’Oise est également prêt à investir et il est probable que l’État vienne rejoindre le tour de table avec quelques subventions. Au final, région et département pourraient assurer jusqu’à 70 % du financement global.
La priorité est aujourd’hui de sécuriser le site pour empêcher de nouveaux dépôts, par de l’enrochement, un portique anti-camion, des caméras ou des pièges photographiques. Mais une question demeure : qui sera porteur du projet ? « La communauté d’agglomération ou le SIAH… Ce n’est pas encore défini entre nous », confie Benoît Jimenez. Au demeurant, « il y a un plan de financement à monter et il faudra que chaque acteur essaie de prendre sa part », souligne Jean-Philippe Dugoin-Clément.
Valérie Landrieu (L’Echo du Val d’Oise)
Mis en ligne le 12 Déc. 2020 18:00