Le Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) prévoit un forfait payant pour toutes les personnes dont le passage aux urgences ne sera pas suivi d’une hospitalisation et cela dès 2021 !
Demain, des urgences payantes !!!
Après avoir désorganiser le service de santé en le privant de moyens essentiels, il convient maintenant pour le gouvernement de désengorger les urgences !
Trop de gens s’y présentent alors que leur pathologie n’en relève pas forcément : de mauvais parents sans doute qui ayant leur enfant malade n’ont pas trouvé de cabinet médical pour les accueillir. De mauvais citoyens surement qui ayant fait appel à SOS médecin ont trouvé porte close.
Que vous reste-t-il hors les urgences ?
Et comme ils sont de plus en plus nombreux à passer la nuit ou le weekend dans la salle d’attente des urgences, ça commence à se voir ! à faire du bruit ! Tous ces inconscients qui prennent la place de ceux qui, victimes d’un accident tragique, d’un malaise grave, sont vraiment dans l’urgence vitale.
Après voir engorgé les urgences, faudra-t-il se tourner désormais vers le 18 (Pompiers) ? Puis vers le 15 (SAMU) ? Puis vers le 17 (Police secours) ??? et tour à tour les engorger !
Peu importe que les soignants soient à bout ! Peu importe que du fait de la pandémie il faille reporter à plus tard des interventions qu’il faudrait faire aujourd’hui ! … mettant ainsi en danger la santé des patients et en exergue la faillite de la gestion calamiteuse de notre système de santé.
Comme de bien entendu ceux qui proposent une telle solution ont les moyens financiers qui leur permettent de ne pas être inquiets des dégâts qu’une telle mesure va provoquer auprès de populations paupérisées et précarisées … alors même que, des suites de la pandémie se profile maintenant une catastrophe économique mondiale.
Ils ont aussi les moyens de se tourner vers le privé !!!
Peut-être que si les gouvernements successifs de ces dernières années, courant vers la rentabilité du système de santé, ayant créée tout exprès les ARS (Agences Régionales de Santé) ne s’étaient pas ingéniés à supprimer des lits, à supprimer des moyens d’accueil, à supprimer des moyens humains et financiers, les urgences seraient un peu moins encombrées … et les postes de soignants mieux pourvus.
Peut-être aussi qu’avec quelques attentions portées à la situation des médecins de ville on aurait pu éviter les déserts médicaux et aussi assurer l’accueil de personnes désemparées face à des situations dont elles ne sont pas en mesure d’évaluer la gravité.
Désormais, pour passer aux urgences, vous devrez être en capacité d’évaluer la gravité de ce qui vous arrive – ou arrive à autrui !
Comme un médecin qui a fait plus de cinq ans d’études … Ah ! vous n’êtes pas médecin ? Tant pis pour vous : sanctions ! Par l’argent bien sûr.
Donc, si vous avez de faibles revenus, vous devrez bientôt réfléchir à deux fois avant d’aller aux urgences ! Si vous ne faites pas le bon diagnostic, sanction ! Pardon : forfait !
Ce forfait/sanction, nous indique le gouvernement, serait pris en charge par les mutuelles et donc ne coûterait rien aux malades. Il devrait remplacer l’actuel ticket modérateur fixé actuellement à 20%, comme pour tous les soins et séjours effectués à l’hôpital.
Ce forfait/sanction, dont le montant sera fixé par décret [peut-être pourrait-il être fixé lui aussi à 135,00 € ?] concernera toutes les personnes, y compris celles exonérées actuellement de ce ticket modérateur : femmes enceintes, personnes à 100%. Toutefois, pour ces dernières, il est prévu une minoration.
On notera au passage cette maladie – qui semble elle aussi très difficile à soigner – de nos représentants élus, pédagogues incapables de convaincre de la justesse de leurs décisions, de tout sanctionner par l’argent. C’est-à-dire, une fois encore, de sanctionner plus fortement les plus défavorisés !
Mais le gouvernement dans sa grande bonté explique que dans la majorité des cas, ce forfait avantagera les malades, (nous sommes priés de les croire !) dans la mesure où le montant du ticket modérateur était souvent important et que le forfait sera plus avantageux pour eux. Vous n’avez pas tout compris ?
Bien sûr, il y a du flou. Comment peut-on nous dire que cela avantagera les malades, alors que parallèlement, on nous explique que les mutuelles prendront en charge le forfait (faut-il rappeler au gouvernement qui finance les mutuelles ?) Si elles prennent en charge le forfait, c’est aussi qu’elles prenaient en charge le ticket modérateur, cela ne coûtait pas plus cher aux malades.
Est-ce à dire, qu’en ces temps de déficit, le cadeau serait alors pour les mutuelles ?
Le vrai problème concerne les personnes à 100%, qui au niveau de leur mutuelle, n’avaient pas opté pour la cotisation maladie, inutile dans leur situation, ou les personnes sans mutuelle. Il y en a encore, dont des étudiants et pour lesquelles dans les cas de faibles ressources l’aide sociale pouvait intervenir.
Qu’en sera-t-il dans l’avenir ? Elles seront obligatoirement perdantes. De plus le même forfait pour tous les actes : simple consultation ou actes de petite chirurgie, radios, échographies, parait incohérent.
Il va falloir beaucoup de pédagogie au gouvernement pour nous “faire avaler” qu’il s’agit “en même temps” d’une sanction et d’un progrès pour les malades et le trou de la sécu, à moins qu’il n’y ait des raisons plus obscures à cette décision !
Mis en ligne le 13 Oct. 2020 11:00
Mis à jour le 13 Oct. 2020 21:00