Pour essayer de n’oublier personne, nous vous proposons une nouvelle contribution au débat sur les conséquences de la pandémie du CoViD-19 dans nos départements et Territoires d’Outre-Mer dont les médias parlent si peu alors que la pandémie y a fait aussi son apparition, qu’il y a déjà des morts et que certains sont comme en métropole, soumis au confinement.
Nous sommes tous français ! …mais certains plus que d‘autres ?
Cette question, nous métropolitains devrions la poser haut et fort. Face à la pandémie qui frappe peu ou prou bientôt toute la planète, avant de critiquer tel ou tel comportement de tel ou tel pays, posons-nous la question simple : tous les français, tous ceux qui résident sur le sol français, ont-ils les mêmes droits ?
Bien sûr, en métropole nous pouvons déjà constater d’énormes inégalités.
« Selon que vous serez puissant ou misérable … » disait Jean de La Fontaine.
L’inégalité d’accès aux soins est prudemment passée sous silence en temps normal. Que survienne une épidémie et l’on cache la poussière sous le tapis : il n’y a plus de pauvres ! Plus de SDF ! Plus de sans abri ! On n’en parle pas ou si peu que cela devient inaudible.
Ah si, tout de même, rassurez-nous : c’est qu’ils seraient bien fichus de nous transmettre la maladie, d’être un noyau de contamination ! Tous ces gens dans des cabanes en planche ou derrière des tôles ondulées, des toiles plastiques, des cartons … sans eau, sans électricité, sans hygiène, sans soins, sans … rien !
Confinons !
« Restez chez vous » qu’ils disent. Mais il est où le chez eux ?
Seules quelques organisations caritatives continuent inlassablement, avec abnégation d’apporter leur aide à quelques sans abris en leur proposant qui un peu de nourriture, qui une boisson chaude, qui un hébergement provisoire.
Est-ce de la solidarité ? Pour certains, oui ! Mais ils sont une infime minorité à accepter de remettre en cause leur bien-être. Pour le plus grand nombre ce n’est que charité voire dans certains cas de publicité : dans la course à “plus riche que moi tu meurs”, que représentent leurs oboles par rapport aux fortunes constituées dans le seul but d’amasser et d’amasser encore sans aucun autre objectif, sans même être capable de compter leur richesse autrement que par une cotation en bourse ou le classement du magazine Forbes … mais là ils accumulent encore, calculant combien va leur rapporter ce geste dérisoire.
Et tout cela, en métropole, au 21ème siècle.
Alors, vous pensez bien dans ces départements d’Outre-Mer … Certes ce sont aussi des français habitants de contrées lointaines dont le seul nom évoque des vacances paradisiaques pour les “métro” … des français mais avec moins de droits. Ce qu’on appelle pudiquement des droits spécifiques : des dispositions relatives donc moins de droits de fait !
On leur a d’ailleurs trouvé un nom : les ultramarins.
Si vous êtes à Saint-Pierre et Miquelon ou si vous êtes dans l’archipel des Tuamotu, vous êtes un ultramarin.
Que l’Ile de la Réunion ne possède que deux centres hospitaliers, que l’Ile de la Réunion subisse des pénuries sévères de masques … Ah, bon ! ils ont aussi besoin d’hôpitaux, de masques ?
Le 18 mars, Annick Girardin, Ministre des outre-mer a déclaré “nous avons la même attention pour les territoires d’outre-mer que l’Hexagone (sic)” Mais attention, nul favoritisme : en termes de masques, les stocks [il y a des stocks ?] sont proportionnels aux besoins …
Comme en métropole ?
Faut-il s’en rassurer : à Mayotte, à la Réunion, en Guyane ou dans l’archipel de Tuamotu, nous sommes loin du statut des métropolitains. Surtout dans l’accès aux soins.
Donc en termes de masques, les stocks de ces territoires ultra-marins sont proportionnels à ceux de l’Hexagone … c’est possible, mais justement dans quelle proportion ? Dans ledit Hexagone on a bien compris qu’ils étaient très, mais alors très, très insuffisants pour ne pas dire égal à zéro. Pour preuve, les soignants n’en disposaient que rarement.
Qu’en est-il vraiment sur ces parties du territoire national parfois éloignées de plus de 10 000 km ? voire 16 000 pour la plus éloignée des îles Wallis et Futuna La communication étant réduite, on peu légitimement supposé que les stocks étaient eux aussi proches de zéro.
D’ailleurs, aux Tuamotu, faute de pouvoir déplacer des infirmiers et encore moins des médecins, nous formons des “Adjoints de santé” ; ils n’ont donc pas besoin de masques …
Alors, qu’advient-il dans ces cas-là ? Qu’en est-il de la continuité de la République ? Qu’en est-il de l’égalité des citoyens en matière de santé ?
Cela dépend ! Cela dépend des moyens de chacun et en cela, il n’y a pas de différences fondamentales avec la métropole.
Sauf que dans ces territoires ultramarins les écarts entre les plus démunis et les plus riches sont exacerbés : en bas de l’échelle, il y a ceux qui n’ont rien ! Mais alors vraiment rien ! Moins encore que ceux des cabanes le long du périphérique parisien ou sous les ponts des autoroutes qui font – au risque de se faire accrocher – la manche à la portière des voitures pour acheter un bout de pain ou qui “deale” pour ne pas mourir de faim.
Pour ces Français du bout du monde, il n’y a que la solidarité qui permet de survivre.
Il paraît que qu’en ces territoires les égoïsmes progressent moins vite qu’en Métropole …
Et ils rêvent de la Métropole !
Mis en ligne le 12 Avril 2020