MEDIAPART rappelle que le 23 août 2019, avant la réunion en grande pompe du G7 de Biarritz, Emmanuel Macron a reçu à l’Élysée 34 dirigeants de multinationales pour qu’elles s’engagent « à la réduction des inégalités ».
Toute la novlangue néolibérale est mobilisée pour l’occasion : il faut une « coalition des entreprises » pour une « croissance inclusive » et chacun y va de son engagement, la main sur le cœur. Le lendemain, sur la côte basque, le chef de l’État assure dans son intervention sur TF1 que les sept dirigeants réunis à l’Hôtel du Palais vont « prendre des mesures concrètes » pour lutter contre les inégalités.

En France, les inégalités ont fortement augmenté en 2018;

Les promesses des grandes entreprises ont été vite oubliées.

Cependant, leurs dirigeants, eux, ont encaissé les fruits de la politique du gouvernement. Et les premières estimations de cette politique ne laissent aucun doute : sous l’effet des choix économiques d’Emmanuel Macron et Édouard Philippe, les inégalités se sont creusées dans le pays et la pauvreté a progressé.

L’Insee a publié ce 16 octobre une évaluation préliminaire du coefficient de Gini pour l’année 2018, année au cours de laquelle des mesures de défiscalisation du capital et de ses revenus ont été prises en priorité, dès le 1er janvier.

Selon une micro simulation de l’Insee, il faut s’attendre a une progression de 0,005 point de cet indice à 0,294 en 2018 (0,293 sans baisse des allocations logement dans le parc HLM).

Le taux de pauvreté monétaire enregistrait une augmentation de 0,6 points en 2018 pour atteindre 14,7 % de la population. En 2018, 9,3 millions de personnes seraient
ainsi en situation de pauvreté monétaire

Si ce chiffre est confirmé, cela ferait de 2018 l’année au cours de laquelle cet indice, et donc les inégalités en France, a le plus augmenté depuis 2010.

La baisse des allocations logement en HLM contribuerait mécaniquement à la hausse du taux de pauvreté en lien principalement avec une hausse des revenus financiers ! Qui s’en étonnerait ?

Mais qu’est-ce que l’indice (ou coefficient) de Gini ?

L’indice de Gini est un indicateur synthétique d’inégalités de salaires (de revenus, de niveaux de vie…).

L’Insee publie le taux de pauvreté et les principaux indicateurs d’inégalités de niveau de vie relatifs à l’année N en septembre de l’année N+2. Pour évaluer plus rapidement la situation et l’efficacité des politiques publiques de lutte contre la pauvreté et les inégalités, il est utile de disposer d’indicateurs plus précoces.
L’Insee poursuit par conséquent son expérimentation, lancée en 2015, d’une méthode fondée sur la micro simulation afin de produire à l’automne N+1 des
indicateurs avancés sur l’année N. La situation de l’année N est simulée à partir d’un échantillon représentatif de ménages de l’année N-1, des dernières
données démographiques et économiques agrégées, ainsi que des barèmes de la législation sociale et fiscale.

Ce taux varie entre 0 et 1. Il est égal à 0 dans une situation d’égalité parfaite où tous les salaires, les revenus, les niveaux de vie… seraient égaux. A l’autre extrême, il est égal à 1 dans une situation la plus inégalitaire possible, celle où tous les salaires (les revenus, les niveaux de vie…) sauf un seraient nuls.

Entre 0 et 1, l’inégalité est d’autant plus forte que l’indice de Gini est élevé.

Une baisse de l’indice de Gini observée entre deux dates indique une diminution globale des inégalités. A l’inverse, une élévation de l’indice reflète une augmentation globale des inégalités.

La France avait réussi à effacer la forte hausse des inégalités observées pendant la crise où l’indice était monté de 2009 à 2011, de 0,290 à 0,306.

Et Mediapart d’ajouter “en 2013, l’indice était retombé à 0,288, soit un niveau inférieur à celui de 2006. Il était depuis stabilisé autour de ce niveau. Mais c’en est désormais terminé. Si l’évaluation de l’Insee se confirme, l’indice de Gini sera, en 2018, supérieur à celui de 2009. Sauf qu’en 2009, la France avait connu une contraction du PIB de 2,8 % alors qu’en 2018, elle a connu une croissance de 1,2 %. Voilà donc pour la « croissance inclusive ! »”.

Mis en ligne le 17 oct. 2019