La fondatrice de Docndoc, médecin radiologue, œuvre dans le premier centre parisien référent COVID-19. Des premiers murmures concernant l’arrivée du virus en France à la crise sanitaire majeure à laquelle font face tous les professionnels de santé, elle raconte l’envers du décor, celui qu’on ne voit pas à la télévision.

Chroniques d’une pandémie expliquée à cœur ouvert. (Vous retrouverez cette chronique ICI et l’intégralité des publications sur docndoc.fr )
Épisode 3ème

COVID-19 : on t’aura – Février et Mars 2020

Des patients devenus « suspects »

À partir de mi février,

Tout un rituel se développe au sein du service de radiologie, des urgences et en réanimation.

Dès l’arrivée des soignants, on porte un masque. Puis, si les soins sont proposés aux patients COVID, on s’habille cosmonaute selon un protocole très codifié.
À la fin du soin du patient COVID qui ne voit pas son soignant, l’entend à peine, on se redéshabille selon un protocole très codifié : blouse, charlotte, gants, lunettes, etc. Entre chaque étape, les mains sont passées au SHA.

Le temps de travail est ralenti, suspendu.
Le temps d’examen des patients change de dimension… humaine dans tous les cas.
Le regard porté au patient est devenu différent : les patients sont devenus « suspects » ! Suspects de quoi ? Suspects du COVID ! Ils sont condamnés, heureusement pas toujours à mort, mais dans la dénomination de ces patients, l’angoisse monte, elle est palpable.

Les centres référents réussissent à écrire des protocoles qu’ils diffusent auprès des autres centres. En effet, l’information est claire : les patients COVID vont être hospitalisés dans toutes les structures hospitalières privées ou publiques. Tout le monde doit se protéger. Tous les soignants doivent se protéger.
Les patients reçoivent leur famille dans leurs chambres : le COVID-19 se propage chez les patients hospitalisés non suspects, mais en devenir !

Le COVID-19 : une infection gravissime

Début mars

Le problème des centres non référents ou les petits centres.

La diffusion de l’épidémie semble trop irréelle et irréaliste pour que les centres, autres que référents, se sentent concernés. Les informations se diffusent, mais ne sont pas encore prises au sérieux.

Tout est décalé entre quinze jours et trois semaines entre les centres référents et les autres hôpitaux. En effet, dans les plus petites structures, tout le monde pense encore que le COVID est une « grippette ». Tout le monde est vacciné, donc pas de souci à se faire !

Certains professionnels à cheval entre plusieurs centres hospitaliers tentent de montrer la gravité de l’infection. Le combat commence, et est loin d’être terminé.

À force de persuasion, les équipes écoutent, se questionnent.

Puis les directeurs d’hôpitaux commencent à prendre la menace au sérieux et décident d’organiser le parcours COVID avec leur ARS.

Plan blanc et stade trois : tous les hôpitaux sont concernés

Deuxième semaine de mars

Affolement général : le COVID est dans tous les hôpitaux, dans toutes les réanimations.
Le plan blanc est activé, le stade trois est en place.

Tous les médecins sont mobilisés, réquisitionnés.
Le personnel soignant, déjà en manque, voit s’abattre sur lui l’ouragan.

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Mis en ligne le 02 Avril 2020